Qui sommes nous ?
Notre histoire
L’histoire de Lusafrica commence par une nuit lisboète, au Poço dos Negros (le puits des Noirs), quelques rues entrecroisées dans le quartier de Sao-Bento, dédale de pensions de famille, de marchands de chorizos, de bananes, de morue séchée et de rhum. José da Silva, alors employé de la Société Nationale des Chemins de Fer français à Paris, termine la soirée avec son épouse, en dégustant une catchoupa, le plat de haricots, de viande de porc et de maïs autour duquel les Cap-Verdiens se consolent de leur exil forcé.
Nous sommes chez Bana, chanteur, producteur, restaurateur donc, qui a invité une vieille complice à chanter dans son bar. Une reine, touchante, sincère : une dame couleur café au lait, un peu forte, portant robes à fleurs et foulards pastel, tortillant son sac à main avec la timidité de ceux que la vie n’a pas gâtés d’emblée. D’emblée, José da Silva décèle chez Cesaria cette faculté presque magique qu’ont certains artistes populaires de capter l’esprit et la poésie de la rue, de les restituer par un geste, une mélodie, un rire, de manière incandescente. Il en pleure.
Cesaria lui rappelle sa grand-mère, née comme elle sur l’île aride de Sao-Vicente, à Mindelo, Lui a pris le bateau en 1959, tout bébé, rejoignant le Sénégal avec sa mère. Avant d’atterrir à Paris à l’adolescence, il grandit dans la débrouille à la cité de Sicap Baobab de Dakar, où la communauté capverdienne écoute de la rumba, de la salsa, du son et du yéyé. Il y apprend le créole, puissant mélange de portugais, de bantou et de yoruba.
Cesaria approche la cinquantaine, elle a bourlingué, artiste déchue dans les années postcoloniales. José da Silva, percussionniste à ses heures perdues, fondateur d’un groupe parisien très dansant, Sun of Cap, sera dès lors l’artisan de sa renaissance. Au final, six millions d’albums vendus, des tournées impressionnantes du Mexique au Japon.
En 1988, paraît La Diva aux pieds nus chez Buda. Très vite, José va fabriquer un écrin pour son élue : le label de disques Lusafrica, lusophone et africain. Tandis qu’elle enregistre son deuxième album français, Distino di Belita, il dessine le logo à la règle, réfléchit, et écoute les conseils attentifs d’un jeune employé de Mélodie formé à l’école des labels anglais indépendants, François Post, défenseur acharné de la simplicité acoustique.
José da Silva déploie des trésors de patience face de l’indisciplinée reine de la morna. Il forge l’identité de Lusafrica, la met en adéquation avec sa culture et le –très beau – répertoire de Cesaria : des voyages, de l’ailleurs, un croisement des navigations, entre l’Afrique noire, le Portugal, le Brésil, Cuba, l’Angleterre…
Avec François Post, il assure l’irrésistible ascension de Cesaria, de Mar Azul en 1991 à Nha Sentimento en 2009, dix albums studios, des compilations, des inédits et des live. Il y a bien sûr l’incroyable Miss Perfumado (1992) où figure Sodade, morna politique et touchante, réarrangée par le pianiste Paulino Vieira. Mais aussi Café Atlantico en 1999, record de ventes (plus de cinq cent mille exemplaires vendus en France) et disponible en cinq versions. Le monde entier découvre alors le « petit pays » de Cesaria, qui y gagne un passeport diplomatique.
Lusafrica est né avec le boom des ventes de CD, puis a survécu à l’effondrement du marché discographique des années 2000. «C’est inespéré, ce n’était pas prévu, dit José da Silva, devenu Président de Sony Music Entertainment à Abidjan, après avoir confié la direction générale de son label à sa fille Elodie, ingénieure informaticienne. Beaucoup se sont arrêtés en route. Moi, j’ai gardé une très belle équipe, construit un très beau catalogue ». Première vertu : avoir tenu trente ans sans jamais céder aux sirènes des acheteurs potentiels (du catalogue, des droits, de la société…) – seule concession, la signature en 1993 d’un contrat de licence à BMG (aujourd’hui Sony). Deuxième atout : la force d’un groupe respectueux qui a su faire bloc contre le chagrin ressenti à la mort de Cesaria en 2011.
Cesaria Evora est la pierre fondatrice de l’édifice. Mais Lusafrica commence très vite son développement et sa diversification. D’abord en publiant des albums d’artistes capverdiens, tel Norberto Tavares, qui vit alors aux Etats-Unis. Puis en s’ouvrant au continent africain. En 1990 et 1995, Lusafrica produit les albums du Gabonais Oliver N’Goma, faiseurs de tubes africains, avec la complicité du Cap-Verdien Manu Lima. L’ouverture africaine se confirme plus tard avec des artistes de premier rang comme le Gabonais Pierre Akendengue ou le Malien Boubacar Traoré.
En 2000, Lusafrica rachète les matrices de deux albums marquants de la world music : Angola 72 et Angola 74, de l’opposant angolais Bonga, qui les a enregistrés pour Morabeza Records à Rotterdam. Bonga rejoint Lusafrica. Il désire alors réenregistrer un titre fétiche, Mulemba Xangola, créé en 1999 à Rio pour Red Hot + Rio. Il cherche une voix susceptible de remplacer celle de la star brésilienne Marisa Monte. Ce sera Lura, jeune capverdienne de Lisbonne – elle a aujourd’hui cinq albums au compteur chez Lusafrica.
Et puis, il y a Cuba, abordé en 1997 par José da Silva qui vient y chercher des musiciens capables d’assurer les concerts de Cesaria dans des salles ou des festivals de plus en plus grands. L’ex-cheminot est un homme de studio, un producteur à l’oreille aiguisée, un métis parmi les métis qui parvient ainsi à s’accommoder de toutes bureaucraties cubaines. A Cuba, il est chez lui. Les sons cubains ont imprégné l’Afrique de l’Ouest, et le clarinettiste Luis Morais, passé chez Lusafrica, en a fait une théorie.
José da Silva tombe sur deux formations historiques cubaines, qu’il signe : Orquesta Aragon, fondé en 1939, et Septeto Habanero (1918). A la terrasse d’un café de La Havane, José da Silva croise un auteur-compositeur interprète, Polo Montanez, ex bûcheron sentimental, portant un large chapeau et chantant boléros et guajiras. En 2000, Un monton de estrellas, extrait de Guajiro Natural, est un immense succès en Amérique latine et à Cuba. Fin 2002, alors qu’il s’apprête à promouvoir l’album suivant, Guitarra Mia, dans le large marché mexicain, Polo Montanez meurt dans un accident de voiture.
José da Silva avait un diplôme de comptable, mais, dit-il, « il n’y avait pas beaucoup de Noirs dans les cabinets comptables à l’époque ». D’où la SNCF, et un apprentissage du business avec le producteur africain Ibrahima Sylla, fondateur de Syllart Records, fabriquant en chef de la musique africaine moderne. Il y apprend l’importance du catalogue, et les mille et une manières de le sécuriser.
En 2000, est créée la société d’édition Africa Nostra, dirigée par François Post, puis JDS Management, pour les tournées. Le dispositif se renforce avec Harmonia, basé au Cap-Vert, sorte de laboratoire de défrichement de la scène capverdienne devenue foisonnante, avec studio et boutiques à la clé. Harmonia permet l’émergence d’artistes comme Tcheka, ou Mario Lucio, ex-ministre de la culture du pays. La société Tumbao basé à Lisbonne articule le tout.
Tandis que Lusafrica développe avec succès les carrières de jeunes artistes, telle Elida Almeida et Lucibela. Elodie da Silva vient de créer un département de musique urbaine, The Garden, pour surfer sur la grande vague numérique qui déferle sur l’Afrique. Premier artiste : le rappeur et DJ kenyan Blinky Bill. L’histoire est en marche.
Notre Équipe
Élodie da Silva
CEO – Directrice Artistique.
Élodie succède brillamment à son père en gagnant la confiance des artistes et avec le même don pour repérer les talents de demain. Elle apporte au label un nouveau souffle et crée The Garden en 2018. Déterminée, audacieuse et passionnée de chocolat.
Clémence Bianconi
Service Juridique – Clémence défend les droits des artistes comme Batman défend Gotham, mais avec beaucoup plus de café
Julie Rolland
Julie Rolland – Notre boîte à outils du web, Julie s’occupe des sites et des réseaux de nos artistes depuis 2014.